Bon Om Touk 2025 au Cambodge : les moments forts d’une fête… décentralisée
La Fête de l’Eau, ou Om Touk (khmer : ពិធីបុណ្យអុំទូក), est une célébration emblématique du Cambodge, marquant la pleine lune à la fin d’octobre ou au début de novembre. Cette fête, d’une durée de trois jours et trois nuits, attire des millions de personnes à travers tout le pays, avec un point culminant dans la capitale, Phnom Penh. C’est un événement spectaculaire, non seulement pour ses courses de bateaux enivrantes, mais aussi pour son riche héritage culturel et spirituel. Explorons en profondeur cette fête unique, sa signification et son impact sur la vie des Cambodgiens. Histoire et Origine de la Fête de l’Eau
Les origines de la Fête de l’Eau remontent à l’époque des rois angkoriens, où les compétitions de bateaux étaient utilisées pour tester l’habileté au combat des guerriers. Ces courses symbolisaient la force et la stratégie militaire, et servaient également de moyen pour sélectionner les futurs champions de guerre. Le roi Jayavarman VII, l’une des figures les plus célèbres de l’histoire khmère, aurait orchestré une victoire navale au XIIe siècle, laquelle est commémorée chaque année à travers ces courses de bateaux.
Les temples khmers anciens, tels que le Bayon et Banteay Chhmar, témoignent de cette histoire avec des sculptures représentant des batailles navales. Ces représentations visuelles font écho à des pratiques similaires en Europe médiévale, où les joutes nautiques étaient un moyen de démontrer la puissance militaire. Ainsi, la Fête de l’Eau au Cambodge n’est pas seulement une célébration festive, mais aussi une reconstitution historique qui relie le présent au glorieux passé angkorien.
En novembre 2025, la Fête de l’Eau (Bon Om Touk) a bien illuminé le Cambodge — mais d’une manière inédite. Pour des raisons de tensions à la frontière cambodgienne-thaïlandaise, le gouvernement a annulé les grandes festivités de Phnom Penh (courses devant le Palais royal, barges illuminées, feux d’artifice). En revanche, les provinces ont maintenu les célébrations, offrant trois jours d’effervescence populaire du 4 au 6 novembre. (cambodianess.com)
1) Siem Reap, capitale d’un Bon Om Touk réinventé
Privée de la vitrine de la capitale, la fête s’est largement recentrée sur les destinations régionales — et Siem Reap a pris la tête. La province a attiré plus de 368 000 visiteurs sur trois jours, portée par un programme mêlant courses amicales sur la rivière, spectacles de percussions, combats de boxe khmère, théâtre traditionnel (Lakhon Bassac), balades en barques et marché riverain prolongé jusqu’au 8 novembre. L’ambiance y était familiale, photo spots à l’appui le long de la rivière et au parc de la Résidence Royale. (akp.gov.kh)
2) Une fête nationale… partout ailleurs
Siem Reap n’était pas la seule à vibrer. De Battambang à Kampong Thom, en passant par les provinces côtières (Preah Sihanouk, Kampot, Kep), les autorités locales ont monté parades, concerts, expositions, feux d’artifice, et bien sûr des joutes nautiques adaptées à chaque cours d’eau. Résultat: malgré l’absence des grandes régates de Phnom Penh, le Cambodge a quand même comptabilisé plus de 2,36 millions de visiteurs pendant la fête, dont près de 44 000 internationaux. Les plages ont particulièrement tiré leur épingle du jeu. (cambodianess.com)
3) Les rituels qui font l’âme du festival
- Loy Pratip, le défilé de bateaux illuminés, a continué d’embaumer les nuits dans plusieurs villes riveraines, dessinant sur l’eau les motifs des institutions, animaux mythiques et symboles royaux.
- Sampeah Preah Khe, la salutation à la pleine lune, a rassemblé familles et moines pour les vœux de prospérité.
- Auk Ambok, la dégustation nocturne du riz aplati avec banane et coco, a tenu son rang de rendez-vous gourmand et propitiatoire.
Ces trois piliers, associés aux régates, perpétuent la dimension agricole et spirituelle de Bon Om Touk, au moment où le Tonlé Sap inverse son courant — un phénomène fondateur de la fête. (cambodiaimmigration.org)
4) Une logistique locale, un esprit intact
Si Phnom Penh est restée au repos — décision officialisée le 3 septembre — le gouvernement a expressément encouragé les provinces à organiser “normalement” leurs célébrations selon leurs moyens. Cette « délocalisation » a redonné une couleur très communautaire à la fête: marchés de nuit spontanés, scènes en plein air, stands de street food, et un tourisme essentiellement domestique venu soutenir l’économie locale. (cambodianess.com)
5) Images et émotions des berges
- Les “barques-dragons” héritières des traditions angkoriennes ont filé sur les rivières provinciales, leurs proues peintes et leurs barreurs dansant au rythme des tambours.
- Les quais se sont transformés en promenades festives: lanternes, karaokés de quartier, cuisines fumantes au poisson du Mékong, et selfies sous la pleine lune.
- Les familles ont partagé l’Ambok après minuit, entre rires d’enfants et prières murmurées, rappelant que la fête reste d’abord un moment de lien et de gratitude envers l’eau. (cambodiaimmigration.org)
6) Ce qu’il faut retenir de l’édition 2025
- Des dates maintenues (4–6 novembre 2025), mais une capitale à l’arrêt et des provinces en première ligne. (cambodianess.com)
- Une fréquentation nationale solide: plus de 2,3 millions de visiteurs sur la période. (cambodianess.com)
- Siem Reap en tête des destinations, avec un programme culturel riche et des courses amicales très suivies. (akp.gov.kh)
- Des rituels fondateurs (Loy Pratip, Sampeah Preah Khe, Auk Ambok) bien vivants hors de la capitale. (cambodiaimmigration.org)
Conseils pour 2026
Si vous rêvez de vivre Bon Om Touk “version grande régate” à Phnom Penh, surveillez dès l’été les annonces officielles: l’édition 2025 a montré que la tenue des festivités dans la capitale peut évoluer selon le contexte national, tandis que les provinces assurent presque toujours l’esprit de la fête. Pour une immersion culturelle, envisagez un itinéraire combinant Siem Reap (rituels et arts vivants) et une province côtière (ambiance festive et feux sur la mer). (cambodianess.com)
En 2025, la Fête de l’Eau a prouvé que son cœur bat partout où le Cambodge touche l’eau. Moins centralisée, peut-être, mais toujours aussi vibrante: un hymne populaire à la lune, aux rivières et à la résilience d’un pays tout entier.



